
Cité des Forges Royales

Les Forges ont été choisies en 1822 pour fabriquer les câbles-chaînes pour remplacer les cordes en chanvre reliées aux ancres. Les Forges de la Chaussade ont poursuivi leur activité jusqu’en 1971.
©S. Mariette
Habitée depuis l’époque gallo-romaine, l’origine du nom proviendrait de Villa-Variniacum, issu d’un chef wisigoth nommé Warinius, devenu Variniacum, Gariniacum, Garigny, Guarigny au XVIe siècle, puis Guérigny.
Guérigny s’est développée à partir du XVIIe siècle et surtout du XVIIIe siècle grâce à l’industrie métallurgique et à l’action de Pierre de Babaud de la Chaussade (1706-1792). Celui-ci sera, à la fin du XVIIIe siècle, à la tête d’un établissement spécialisé notamment dans la fabrication des ancres pour la Marine Royale et la Compagnie des Indes. Les Forges seront Royales en 1755 puis deviendront, en 1781, domaine royal. Située sur l’itinéraire Vézelay-Nevers du chemin de Saint Jacques de Compostelle, son histoire est étroitement liée au siècle des Lumières, à la marine et à la métallurgie. Elle a rejoint le réseau des Itinéraires Culturels du Conseil de l’Europe et s’est vue également attribuer une étoile au Guide Vert. Avec l’organisation de nombreux rassemblements de véhicules anciens européens ou américains dans l’enceinte du château, elle est devenue en 2024 « Ville d’accueil des véhicules d’époque ».


Les points remarquables
Le site des anciennes Forges Royales



Le site des anciennes Forges Royales avec des bâtiments classés ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, et aujourd’hui des espaces pour des expositions temporaires, ainsi que le théâtre des Forges Royales, le bief de près de trois hectares, la promenade Jean-Pierre Harris.
Arnault de Lange, seigneur de Villemenant, a acheté en 1638 la terre de Guérigny, propriété de chanoines du chapitre de la cathédrale de Nevers et a créé la grosse forge. Ses descendants ont vendu cette forge à Jacques Masson en 1722.
Pierre Babaud de la Chaussade (1706-1792) maître des forges royales et principal fournisseur des fers et des ancres des bateaux de la Compagnie des Indes et de Louis XV, eut l’idée de concevoir une ville autour d’un projet industriel, celui de produire des ancres et toutes les pièces métallurgiques (colliers de mâts, plaques de blindage, boulets de canon…) nécessaires à l’armement des navires de la « Royale ». Cette manufacture deviendra l’une des plus importantes de France au XVIIIe siècle.
Du minerai de fer, des chênaies et de nombreux cours d’eau dont la confluence des deux Nièvre, privilégièrent ce site. La fabrication des câbles-chaînes pour remplacer les cordes en chanvre reliées aux ancres a débuté en 1823.
Pierre Babaud de la Chaussade fit réaliser également le château qui porte son nom appelé « petit Versailles » ; en effet, la longueur développée des façades de 1530m est légèrement supérieure aux façades principales du château de Versailles. Il comprend deux ailes non reliées entre elles.
L’ensemble était composé aussi de grandes écuries, des bureaux, des logements, une chapelle, une ferme avec son pigeonnier et un parc. Il constitue là aussi, avec ses 10000m² bâtis dans un magnifique parc, un exemple unique d’architecture du XVIIIe siècle.
La guerre d’Indépendance des États-Unis opposa les treize colonies à la Grande-Bretagne, de 1775 à 1783. Événement fondateur de l’histoire des États-Unis, la France envoya du matériel en faveur des insurgés, puis une aide navale et terrestre qui contribua à la victoire américaine. Le traité de Paris de 1783 reconnaît l’indépendance des États-Unis d’Amérique, déclarée le 4 juillet 1776 par le Congrès continental. Une stèle honore la victoire de la Marine française à Chesapeake, en effet, les vaisseaux commandés par l’Amiral de Grasse avaient été équipés en pièces métalliques produites à Guérigny.
En 2014, la ville a créé le théâtre des Forges Royales d’une capacité de 150 places. Il accueille également des artistes en résidence. Jouxtant le théâtre, la ville a ouvert en 2016 une salle d’exposition « Olympe de Gouges » très appréciée et en 2023 l’espace La Fayette susceptible d’accueillir plus de cinq cents personnes a complété l’aménagement du bâtiment amiral, dit bâtiment à clocheton.
Le musée Forges et Marines retrace l’histoire des Forges royales qui ont fourni la Marine royale pendant des siècles. Le site lui-même, son aménagement hydraulique et ses bâtiments des XVIIIe et XIXe siècles fait ? un lieu de promenade et le centre d’excusions vers les sites secondaires répartis sur tout le territoire de la communauté de communes. Géré par l’association « les Amis du Vieux Guérigny », il présente un marteau-pilon de cinq tonnes, des machines à vapeur, des modèles de fonderie, des tendeurs de câbles, des poulies, des machines à bois, etc.
L’une des plus grandes fiertés des Forges de Guérigny est la production des cinq ancres du paquebot France construit en 1960. À l’époque, ces ancres de 15 tonnes chacune ont été réalisées.
Les expositions thématiques sont renouvelées chaque année au musée.


Le château de la Chaussade et son parc de près de cinq hectares



Entouré par un ensemble d’immeubles, tous protégés, ce bâti permet de mesurer l’ampleur du domaine. Ces bâtiments constituent un ensemble unique de l’architecture civile du XVIIIe siècle et une déambulation dans le site permet de découvrir l’architecture dite à la Mansart, jusqu’aux jacobines qui agrémentent certaines toitures.
Les allées Babaud de la Chaussade
Premier site classé dans la Nièvre en 1930, il relie le château à l’église Saint Pierre, consacrée en 1767.

Les allées dites « Babaud de la Chaussade » sont ouvertes au public, elles représentent le premier site naturel classé dans le département de la Nièvre dès 1928. Cet élément du patrimoine naturel est complété par les promenades « Jongkind ». Le cheminement piétonnier « Jean-Pierre Harris » traverse des bras de la Nièvre sur des ponts en arc.
En 1902, l’État, propriétaire du site depuis la Révolution, cède les Allées Babaud de la Chaussade à la commune. Un kiosque à musique métallique de six colonnes en fonte est alors édifié au bénéfice de la fanfare locale. À proximité, La forêt de Bertranges fait partie des plus grandes étendues boisées de chênes de France.
Le platane Babaud a été planté par Pierre Babaud de la Chaussade. Ses dimensions sont exceptionnelles : 5,60 m de circonférence, 47 m de hauteur. Il présente aussi l’originalité d’avoir une branche avec un porte-à-faux de 21 m. Il a été élu plus bel arbre de Bourgogne Franche-Comté et 7e plus bel arbre de France lors du concours 2022 de « l’Arbre de l’année » organisé par l’Office National des Forêts et Terres Sauvages. En 2023, l’association A.R.B.R.E.S. lui a attribué le label « Arbre Remarquable de France ».
Tous ces lieux sont préservés et une réserve halieutique sans pareil jouxte une perle architecturale du Moyen Âge, à savoir le château de Villemenant.



Le château de Villemenant
Exemple d’architecture du Moyen Âge transformé à la Renaissance, le château est classé Monument historique depuis 1930, Villemenant est, par l’unité de son style architectural et l’harmonie de ses proportions, l’un des plus remarquables châteaux du Nivernais. On suppose qu’il a été construit vers 1360 par Girard de Caroble, Chambellan du Duc de Nevers.
Le château fut d’abord fortifié, puis devint demeure d’agrément lors de sa restauration à la Renaissance. Jeanne d’Arc y passa avant de se rendre à la Charité sur Loire. Babaud de la Chaussade achète en 1750 la seigneurie de Villemenant au baron Joseph Hyacinthe de Lange, qui lui avait déjà vendu les forges de Guérigny. Le château est ensuite rattaché au domaine du roi Louis XVI.
Classé Monument historique depuis 1930, il allie architecture moyenâgeuse et éléments stylistiques caractéristiques de la Renaissance. L’édifice étonne par son aspect très homogène et ses proportions harmonieuses. Construit sur un plan carré, il comportait un corps de logis flanqué de deux tours rondes détruites au XVIIIe siècle. Il présente aujourd’hui une magnifique charpente en coque de navire renversée.

L’église Saint-Pierre

L’église Saint-Pierre est un des rares exemples de l’architecture religieuse du XVIIIe siècle dans le Nivernais. Elle est bâtie sur un plan en croix latine. Elle possède une toiture à la Mansart recouverte d’ardoises. Sur sa façade dorique sont placées les armoiries du XVIIIe siècle en pierre et fonte. Il s’agit des armes des Forges royales de la Chaussade : trois fleurs de lis surmontées de la couronne royale, entourées d’ancres de marine et de fanions.
L’église possède en outre un retable daté du XVIIe siècle classé Monument historique qui provient d’une chapelle du château des Bordes à Urzy détruite au XIXe siècle.


À voir
- Le musée des Forges et Marines (une étoile au guide vert Michelin), géré par les Amis du Vieux Guérigny, dans un bâtiment du site des Forges Royales, ouvert au public de juillet à septembre
- Les extérieurs du château de la Chaussade et son parc
- La forêt des Bertranges, toute proche, qui fait partie des plus grandes étendues boisées de France avec le parcours de la « futaie Notre Dame »


Informations pratiques
- Localisation : à 13 km au nord de Nevers
- Cités de caractère à proximité : Decize (40km)